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    18/01/2013
  • Médias
  • Politique
  • La guerre des données

    En novembre de l’année passée, circulait sur le réseau social Facebook une déclaration sur le copyright des usagers. Ce texte prétendait faire valoir les droits des internautes qui en afficheraient le contenu sur leur statut. Il s’agissait malheureusement d’un canular qui, malgré son étendue globale, n’aura eu aucune incidence sur la politique actuelle de Mr. Zuckerberg.

    Si cette vaste blague, au sens propre comme au figuré, n’avait pas fait rire, elle a eu le mérite de souligner la prise de conscience grandissante des utilisateurs de l’importance des données privées. Cet éveil a été suscité entre autre par des problèmes répétés, et pour les plus fracassants, repris par les médias. Ces incidents ont mis en évidence le fait que les données privées ont pris une nouvelle ampleur aujourd’hui. Et ce, dans la vie sociale, économique et politique.

    Avec le temps et la pratique sur les réseaux sociaux, des problèmes liés à l’usage non désiré d’informations privées ont été mis à jour. Souvenez-vous de la « préhistoire » de Facebook, lorsqu’un employé qui critiquait son patron sur le réseau avait été licencié. Avec le temps, ces problèmes ont été résolus mais d’autres les ont remplacés. Revenons sur trois cas afin de mieux comprendre l’étendue de la question.

    Le premier concerne Malcolm Harris, un membre actif d’Occupy Wall Street,  un mouvement de révolte initié le 17 septembre 2011 aux Etats-Unis. Suite à ces manifestations qui ont duré près de trois mois, le FBI  décide de porter plainte contre le jeune homme pour trouble de l’ordre public. Pour ce faire, le Federal Bureau exige à Twitter de lui fournir les données publiées de son compte sur la période qu’a duré le mouvement. Après une certaine résistance, la compagnie cède sous la pression des autorités américaines et l’oiseau déchante.

    Plusieurs questions se posent alors : peut-on considérer public ce qui est affiché dans les réseaux sociaux ? Si oui, le propriétaire du compte a-t-il encore un droit de regard sur les informations dont il est l’auteur ? La réponse est non sur Twitter car la politique spécifie que l’utilisateur, une fois inscrit, abandonne à la compagnie le droit de distribuer mondialement et de manière non-exclusive ses messages non-privés. Autrement dit, tout ce qui est visible au public.

    Le deuxième cas implique la mort de quatre jeunes espagnoles, le 31 octobre dernier en Espagne. Le soir d’Halloween, quatre filles âgées entre 17 et 20 ans participent à une fête de près de mille personnes dans le Madrid Arena. Un feu de Bengale allumé au milieu de la salle remplie crée la panique, puis des bousculades. Les quatre filles finissent écrasées par la foule. Leur décès est vite repris par les médias espagnols qui obtiennent sur les réseaux sociaux des photos des victimes et les publient sans autorisation des familles. Comment est-ce possible? Les réseaux sociaux font reposer la responsabilité des paramètres de confidentialité sur les utilisateurs. D’autant plus qu’ils compliquent délibérément la compréhension de ces paramètres. Cela laisse une fenêtre ouverte à  n’importe qui de pouvoir utiliser et manipuler des informations du profile de chacun. Ils favorisent ainsi la libre circulation des données, principe de base d’internet.  Jetez un « Oeil de Links » sur la vidéo d’Alessandro Ludovico qui dénonce celle-ci de manière édifiante.

    Le dernier exemple, et le plus manifeste de ces failles, traite du scandale autour du Général David Petraeus. Il y a de cela deux mois, le FBI enquête sur des menaces proférées contre Jill Kelley, un agent de liaison et organisatrice d’évènements sur la base militaire de Tempa. Les messages suspects proviennent de l’adresse Gmail de David Petreaus et suscitent l’interrogation des enquêteurs. Au fil de l’investigation, l’auteur des mails s’avère être sa biographe, Paula Broadwell, avec laquelle il entretient une liaison. Bref, une simple querelle de jalousie. Ne représentant aucun danger pour l’état américain, l’affaire aurait pu en rester là car elle ne revêtait qu’un caractère privé. Au lieu de cela, elle a causé la chute du chef de la CIA, le plus grand Général de l’histoire américaine. Pourtant, il y a tromperie sur le scandale car ce qui aurait dû le plus attirer l’attention, c’est l’intrusion dans les mails du Général Petreaus.

    D’un point de vue économique, les données personnelles sont devenues d’une importance capitale. Elles sont en effet la base de l’e-Commerce, économie du futur. Celui-ci a pris un nouveau tournant grâce aux sites de socialisation notamment. Ceux-ci, grâce à nos dons généreux en informations en tout genre, ont accumulé (et accumulent encore) un nombre incalculable de data sur les usagers. Aujourd’hui les goûts musicaux, les membres de famille, les destinations de voyages, ou les photographies festives sont exposés sur ces réseaux. Un agglutinement qui a transformé la simple information en un véritable atout stratégique. Il est donc important de faire lever la chape de plomb qui repose sur leurs finalités. Mais les grands brasseurs d’items que sont Facebook, Twitter et consort ne collaborent pas facilement. D’où l’importance de les obliger à une plus grande clarté dans leur politique de gestion de ces données. Les internautes sont en tout cas décidés à faire avancer les choses au moyen de pétitions, même si elles n’ont pas encore d’effet concret sur des entreprises privées qui ont le dernier mot.

    Dans ce contexte changeant, la Commission Européenne a exprimé sa volonté de mieux sécuriser la vie privée des individus sur le net. Elle veut éviter des abus comme ceux cités plus avant. C’est donc sous la houlette de Viviane Reding et Neelie Kroes, respectivement Commissaire à la Justice, aux Droits Fondamentaux et à la Citoyenneté, et Commissaire de l’Agenda Digital, qu’un projet de réforme de la Data Protection Directive a été lancé début 2012. Elle implique toutes les composantes de la société civile afin d’avoir une vision plus précise sur les questions de confidentialité électronique. Ce débat multilatéral, encore en cours, doit  aboutir à une réforme de la première Directive datant de 1995. La Commission présentera ce paquet de mesures le 25 janvier 2013. Elles sont censées renforcer les droits fondamentaux des citoyens et mieux réguler l’e-Commerce. Le hic réside dans le fait que le business du futur passe par l’internet, et sans ces informations privées, celui-ci n’a plus de raison d’être. Plus l’accès à ces informations sera réduit, plus le secteur commercial sera limité dans son développement. Dans un climat d’austérité économique, l’équilibre entre les droits des citoyens et les intérêts économiques sera donc difficile à trouver pour l’arbitre européen. Les internautes devront veiller au grain.

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